Crosby, Stills, Nash & Young (2024)

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L'aventure a commencé à trois: Graham Nash, Stephen Stills et David Crosby, après des premières expériences personnelles marquantes au sein de leurs groupes respectifs (The Hollies, le Buffalo Springfield et The Byrds) se retrouvent en 1968 à Los Angeles chez Cass Elliot puis chez Joni Mitchell dans Laurel Canyon pour former Crosby, Stills and Nash qui connaît immédiatement le succès avec l'album Crosby Stills & Nashqui se classe n°6 des ventes. Stephen Stills, leader dans les faits, cherche alors à étoffer l'équipe en vue des tournées qu'attendent leurs fans, ne voulant pas d'un Simon And Garfunkel bis. Le clavier Steve Winwood, déjà pris par son nouveau groupe Blind Faith et Dallas Taylor confirmé à son poste de batteur, il se retrouve rapidement à proposer à ses partenaires Neil Young, son ex-compère du Buffalo Springfield, comme auteur, guitariste et chanteur, et ceci malgré ses propres réticences à l'idée de recommencer une aventure avec celui qui l'a souvent laissé en plan au sein de leur ancien groupe. Mais en coulisse, l'instigateur de la réunion, celuiauquel on doit en fait la paternité de l'idée,estnul autre que le fondateur et encore président à l'époque d'Atlantic, Ahmet Ertegun. L'arrangement était aisé, car dans le contrat qui liait à la fois Neil Young à Reprise, et les trois autres à Atlantic (qui ont fusionné sous la bannière WEA l'année suivante: Warner-Elektra-Atlantic), il était stipulé que chacun pouvait participer à sa guise sur les albums communs ou solo de chacun des quatre musiciens, sans accord juridique ou histoire de gros sous. Ce qui explique les participations respectives à leurs disques en solo, et les Crosby & Nash, ou Stills & Young sur des labels différents.

Il faut avouer que Stills & Young sont comme les deux faces d'une même pièce: techniquement très opposés, leurs sens de l'écriture et surtout leurs incroyables jeux de guitare fusionnent parfaitement quand ils collaborent, à l'inverse de leurs caractères qui les poussent continûment à la confrontation caractérielle.

Le canadien intègre néanmoins le groupe en 1969 et dès leur deuxième concert, Crosby, Stills, Nash and Young connaît son baptême du feu au festival de Woodstock devant près de 500 000 spectateurs. Leur apparition y est tout à fait fortuite. Contrairement à une idée reçue, le quatuor n'était pas prévu initialement au programme. C'est le régisseur de scène du festival, un pote de Crosby, qui l'a appelé pour le convaincre lui et ses compagnons de s'y produire devant l'ampleur de la manifestation. Ils sont tous quatre à New York à ce moment-là, heureusem*nt. Le régisseur envoie ses hélicos pour les amener sur le site. C'est pendant le festival que Joni Mitchell (qui n'a pas voulu accompagner son petit amiCrosby)écrit « Woodstock » dans une chambre d'hôtel à New York, entourée de bougies...

Tout s'enchaîne avec leur premier album en quatuor, Déjà Vu,édité débutmars 1970 et qui devient aussitôt n°1 des ventes : on y retrouve un groupe qui semble en état de grâce, l'osmose avec la jeunesse contestataire est complète et celle-ci plébiscite des titres comme « Woodstock », « Teach Your Children » et « Our House » alors que Neil Young croise tour à tour le fer avec Stephen Stills (« Everybody I Love You ») et David Crosby (« Almost Cut My Hair ») sur de percutants duos de guitares, avant de s'épancher sur le très beau « Helpless ».

Très réactif à l'actualité politique du pays (le titre « Ohio » sortira cinq mois après la parution de Déjà Vu) et porté par les succès du film Woodstock et de leurs deux premiers albums, le quatuor est alors le maître incontesté de la musique pop et la véritable personnification de la contre-culture mondiale, à travers l'expression de thèmes pacifistes, sociaux et écologiques, et ceci alors que leurs rivaux potentiels sont en totale perte de vitesse (séparation des Beatles et période creuse de Dylan en 1970). Hélas, les affrontements d'égos ne tardent pas à faire leur apparition et au cours de l'été 1970, le groupe implose.

On réalise alors que, malgré l'apparente fusion des quatre musiciens sur leurs albums, ceux-ci sont très tôt retombés dans leurs travers : les messages de paix et d'amour adressés à leur public n'ont jamais trouvé d'écho au sein de leur propre formation, chacun essayant de tirer la couverture à soi. Entre querelles sur le choix des musiciens les accompagnant en tournée (le remplacement du batteur Dallas Taylor, haï par Young, par Johnny Barbata), les préoccupations propres de chacun (Neil Young n'apparaît pas dans le film Woodstock car il refuse de jouer filmé), les conflits démesurés (Stills parlant de ses choristes en mentionnant Nash et Crosby, eux-même ayant des caprices de prima donnas lors des concerts), le groupe ne cesse d'osciller entre richesse musicale et pauvreté relationnelle. Surtout, se dessine dès Déjà Vu une profonde divergence de vue entre Neil Young et ses trois acolytes : le canadien se voit en effet comme la 5ème roue d'un carrosse dans lequel il n'a pas réellement envie d'embarquer. Ainsi, il parlera de Déjà Vu comme d'un album de CSN + Y et c'est vrai qu'il n'a que peu collaboré à son élaboration, apportant des morceaux déjà arrangés par Jack Nitzsche (« Helpless » et « Country Girl » sur lesquels les trois autres posent seulement leurs voix) tout en critiquant le perfectionnisme de ses pairs, selon lui excessif et à l'opposé de sa conception plus authentique. Il hésite une nouvelle fois à faire corps avec un groupe dans lequel il voit un frein à sa libre inspiration personnelle, ne lui octroyant que les morceaux qu'il ne retient pas pour les albums solos qu'il continue d'enregistrer en parallèle de ceux de CSNY.

La sortie en 1971 du double live 4 Way Street est l'arbre qui cache la forêt puisque le groupe s'est déjà séparé à cette date. Il n'empêche qu'on retrouve là quatre auteurs au sommet de leur art qui mêlent leurs compositions et leurs voix avec bonheur, égrainant un répertoire qui semble infini tellement chacun d'entre eux a de morceaux en réserve. Ces soirées au Filmore East sont l'apogée d'un quatuor qui tentera vainement de recréer cette magie au fil de leurs rapprochements tout au long des trente dernières années.

La rupture est consommée en 1970, chacun entame ou prolonge une carrière solo fructueuse, les uns s'associant aux autres selon les humeurs et les époques (Nash et Crosby, Young et Stills, CSN etc..), leur contrat interne leur permettant toute liberté. Il apparaît cependant rapidement que c'est Neil Young le plus à même de donner le tempo à d'épisodiques reformations de CSNY ce qui crée une dépendance des trois autres envers le guitariste aux sautes d'humeurs légendaires.

Celui-ci est celui qui connaît le plus de succès en solo ou avec son groupe Crazy Horse et il ne fait donc appel à Stills, Nash et Crosby qu'en cas de nécessité ou par altruisme (et peut être remords comme il le laisse entendre dans la biographie Shakey): invités séparément à joindre leurs voix à la sienne sur quelques morceaux de son mythique album Harvest, on retrouve des enregistrements en commun pour boucher les trous d'un médiocre Journey Through The Past , leur ancienne amitié faisant apparaître Graham Nash sur Times Fades Away ou David Crosby sur le sublime « Revolution Blues » de On The Beach en 1975.

Les tentatives les plus sérieuses ont lieu l'été 1973 à Hawaï où devait prendre corps le projet commun inspiré par Neil Young intitulé Human Highway: les éternelles dissensions font fuir ce dernier vers son Crazy Horse pour un claustrophobique Tonight's The Night. Reste l'immense « Through My Sails » , titre qui clôt l'album solo de Young, Zuma, peut-être la plus belle preuve de la magie qui peut habiter les quatre musiciens quand leurs voix, subtilement soutenues par une fragile guitare, donnent le frisson.

L'été 1974 voit une gigantesque tournée de CSNY se dérouler dans les stades Européens et des Etats-Unis : entourés par Tim Drummond à la basse, de Russ Kunkel à la batterie et de Joe Lala aux percussions, le groupe fournit 3H30 de show chaque soir en mêlant à leur répertoire déjà classique les dernières compositions de chacun. Abhorrée par Neil Young qui voyage séparément, cette expérience finit en delirium égocentrique dus à l'excès de drogues et aux jalousies mâles, et empêche ainsi l'enregistrement studio qui devait suivre le Noël suivant. A la place, leur maison de disque sort habilement la compilation So Far qui est un succès commercial.

Chacun retourne donc à ses moutons jusqu'en 1976 où l'été parait propice pour une troisième expérience : David Crosby et Graham Nash qui tournent ensemble à ce moment, débarquent au ranch de Neil Young à Woodside au sud de San Francisco pour y rejoindre Stephen Stills. Les enregistrements achevés dans le studio du ranch que Young a surnommé Redwood, Nash et Crosby retournent à leur projet commun à Los Angeles cependant que Neil Young décide d'effacer purement et simplement leur contribution : c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et Young et Stills sortiront l'album Long May You Run à deux avant que le premier ne délaisse une fois de plus le second au cours de la tournée qui suit.

Il faut ensuite attendre les années 80 pour voir se recréer l'ancien super groupe, en studio, en 1988 pour American Dream et en 1999 pour Looking Forward. Malgré leurs titres évocateurs, ces deux disques sont un cauchemar pour les fans du quatuor et apparemment une façon pour Neil Young de se faire pardonner sa conduite passée et par là même de rendre service à d'anciens amis très mal en point : Stills lui aussi dépendant à la drogue, Crosby transplanté du foie à peine sorti de la prison de Huntsville au Texas (il y a écrit « Compass »), le quarteron a depuis longtemps perdu de sa superbe et leur général en chef refuse de partir en campagne à la suite de la parution d'American Dream qui atteindra néanmoins une miraculeuse 16ème place dans les ventes d'albums de cette année. Avec « Compass », c'est aussi deux chansons sur l'engagement militaire et politique américain hors frontières qui sauvent l'album du désastre: « Soldiers of Peace » de Nash et surtout « Nigthtime For The Generals » de Crosby, avec ses deux courts solo de Young puis Stills, ce dernier inspiré par Jimi Hendrix...dixit son auteur.

Recréant CSN, les trois épaves partent ensuite à la dérive jusqu'à échouer à la fin des années 90 sur des rivages incertains et sans maison de disques : Neil Young se met alors en quatre pour Looking Forward en 1999 et les tournées qui suivent en 2000 et 2002, toutes d'impressionnantes réussites commerciales. Et si Looking Forward clôt tristement la décennie 90, il marque néanmoins la deuxième collaboration discographique de Crosby avec son fils retrouvé James Raymond (avec lequel il a fondé le trio CPR en 98) pour « Stand and Be Counted », également le titre dela deuxième des trois auto biographies de David Crosby, parue en 2000.

Enfin apaisés, les quatre z amis remettent ça avec la tournée promotionnelle du dernier album solo de Young, le brûlot Living With War, où le canadien réactive en leur charmante compagnie l'inspiration de sa jeunesse pacifiste, l'Irak et Bush remplaçant le Vietnam et Nixon. Ce second souffle intitulé Freedom Of Speech les portent encore à travers le monde, ré enchantant les enfants de leurs premiers fans grâce à leurs voix merveilleusem*nt combinées et la reprise de morceaux qui sont pour la plupart devenus des classiques pour une génération dont ils ont été les maîtres à chanter.

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